Interface Transport aux côtés du Comité National Routier depuis 2001
Chaque année, le Comité National Routier édite de nombreux documents de référence dont l’indice CNR, bien connu de toutes les entreprises de transport routier de marchandises en France.
Interface Transport accompagne le Comité National Routier dans la réalisation de ses campagnes d’enquêtes nationale Zone Longue et Zone Courte depuis 2001. Ces enquêtes basées sur un panel représentatif de plus de 200 entreprises par campagne permet d’éditer des indicateurs clés (indice CNR, conso moyenne, coût moyen d’une semi-remorque, rémunération mensuelle moyenne d’un conducteur, coûts de structure par véhicule) mais aussi des synthèses personnalisées par entreprise.
Autant d’informations utiles donc pour les entreprises françaises du Transport Routier de Marchandises (TRM) dans leur gestion quotidienne mais aussi pour positionner leurs indicateurs internes par rapport aux éléments de référence du CNR.
Les campagnes CNR : sillonner les routes pour partager le quotidien d’une entreprise de TRM
Mais ce n’est pas pour parler indexation gazole que je prends la plume aujourd’hui… Après 7 années passées à sillonner les routes du quart Sud-Est pour aller à la rencontre de ceux sans qui notre vie quotidienne serait bien compliquée (comment ça mon yaourt préféré n’a pas été livré ?!!), j’ai eu envie de retranscrire une partie de l’aventure humaine que nous vivons deux fois par an.
Au printemps pour l’enquête dite « Zone Courte » et en automne pour la Zone Longue, nous prenons donc la route nous aussi pour aller rencontrer des chefs d’entreprises et leurs équipes (administratif, exploitation, conducteur) et partager leur quotidien pendant quelques heures.
«Faire des enquêtes CNR », c’est rencontrer des entreprises très diverses de par leur taille, leur type d’activité ou encore leur degré de structuration mais c’est avant tout s’immerger dans les réussites mais aussi les difficultés d’une entreprise de TRM en France.
On s’attend évidemment selon les années et l’actualité à aborder les sujets « chauds » du moment : l’éco-taxe, la concurrence européenne, la pénurie actuelle de chauffeurs…Et il est toujours précieux et enrichissant d’écouter les visions de chacun, les stratégies mises en place…
Ce à quoi on s’attend moins en revanche, ce sont ces moments où la carapace craque et où l’on ressent toute la difficulté et la pression auxquelles est aujourd’hui soumise une entreprise de Transport Routier de Marchandises en France. Je pense par exemple à un patron qui me racontait devoir en arriver à de véritables bras de fer autour de fret à livrer qui sert parfois presque de monnaie d’échange en attendant un paiement dû.
Au-delà des négociations permanentes sur les prix, de la nécessité d’avoir un service administratif ultra vigilant sur les délais de paiement, de s’adapter aux évolutions du marché (coucou la blockchain), on attend aussi des dirigeants d’entreprises de travailler leur performance environnementale, le suivi en temps réel de leurs transports, d’avoir une qualité de service irréprochable…
Pour tous ceux qui connaissent un tant soit peu le monde du transport de marchandises, vous le savez, l’équation est complexe et on approche la quadrature du cercle.. surtout lorsque l’on rajoute à cela une pénurie de chauffeurs durable qui contraint parfois les dirigeants des plus petites entreprises que nous rencontrons à prendre la route…
Nous rencontrons parfois des dirigeants épuisés qui portent leur entreprise à bout de bras. Il y a quelques années, première visite dans une entreprise du panel. Visiblement, ma visite ne tombe pas très bien et je suis accueillie dans les bureaux dans un algeco dans la cour. Nous remplissons le questionnaire de manière poussive et je sens que le patron a mille autre choses en tête et est pressé de me voir partir. Pourtant, quand il me raccompagne dans la cour sous la pluie, il me raconte sa détresse : les journées qui n’en finissent pas, le trop peu de temps consacré à ses enfants, l’endettement consenti pour investir dans l’entreprise mais qui devient un fardeau trop lourd.. Je l’avais alors quitté avec un sentiment de peine mêlé de colère : ce patron se démène au quotidien pour faire vivre son entreprise et ne parvient pas à se payer honorablement..
Chaque enquête amène son lot de surprises et on passe parfois de bureaux flambants neufs à une arrière-cour de maison avec un algeco climatisé pour bureau. Dans tous les cas, le transport routier est inscrit dans l’ADN des interlocuteurs qui souvent, là aussi, ont vu leur père, parfois leur grand-père créer l’entreprise familiale.
Faire des campagnes CNR c’est s’immerger dans la grande famille du transport routier de marchandises
Conducteur la journée, patron le soir… et toujours en tête la volonté de maintenir et développer l’activité.. Bien souvent, dans les petites entreprises familiales, le domicile du dirigeant jouxte le bureau et il m’est souvent arrivé de réaliser l’enquête dans un salon familial avec un bon café ! (pas désagréable me direz-vous ???? ). Et parce qu’on ne dit jamais non à un café, la fin de journée après plusieurs enquêtes est souvent… énergique !
Cette dimension familiale est certainement l’une des facettes les plus touchantes lorsque nous réalisons des enquêtes CNR. Après plusieurs années de visite, on déjeune parfois avec le dirigeant, on échange des nouvelles de la famille mais aussi des conducteurs dont les appels ponctuent bien souvent la réalisation des enquêtes. Certaines entreprises connaissent un turn-over très faible et emploient des chauffeurs qui ont parfois plus de 30 ans de maison. La relation est si ancienne qu’elle s’apparente presque à des liens familiaux.. Le transport routier de marchandises reste encore l’un des rares secteurs en France où subsiste ce type de relations et ce n’est pas un hasard si ceux qui y tombent dedans « étant petits » y font souvent toute leur carrière..
C’est le cas d’un conducteur dans une entreprise que j’ai visité lors de la dernière campagne. Un conducteur rentré à 25 ans est toujours là… à 70 ans !! Cet homme est d’autant plus courageux que malgré des problèmes respiratoires lourds, il n’a pas voulu abandonner son transport en route, communiquant par SMS parce que même plus capable de téléphoner.. Il est arrivé à Paris à bout de forces mais n’avait pas « lâché le patron en route ».. Admirable mais extrême j’en conviens..
A l’aube d’une nouvelle campagne « Zone Longue » qui va démarrer dans les semaines à venir, toute l’équipe d’Interface Transport est heureuse de reprendre la route et d’aller à la rencontre de ces hommes et de ces femmes sans qui les fonctions vitales au bon fonctionnement des villes et des campagnes ne pourraient être remplies..
Au programme pour moi, rattraper la culture radiophonique manquée depuis la dernière campagne pendant les longues heures de route qui m’attendent !