Intégrer la logistique fluviale en amont d’un grand projet d’infrastructure urbaine
La 3° ligne de métro Toulouse Aerospace Express est un projet d’infrastructure très ambitieux qui doit permettre de répondre aux enjeux d’étalement urbain et de saturation des axes routiers, et plus largement d’œuvrer au renforcement de l’attractivité du territoire. Il comprend 21 stations et s’étend sur 27 km de lignes (dont 70% enterrées) pour desservir les communes de Colomiers, Toulouse et Labège.
Le recours à des tunneliers est prévu sur la grande majorité du tracé en souterrain (environ 15 km). Les travaux associés vont générer des quantités importantes de déblais à évacuer, estimées à 2,5 millions de tonnes, et à valoriser. Une logistique 100% routière pour l’évacuation des déblais aurait inévitablement des impacts forts en matière de nuisances (bruit, congestion) et de pollution, a fortiori sur certains sites de production localisés en milieu urbain dense.
Pour plus de détails, vous pouvez retrouver l’étude préliminaire que nous avions mené sur la gestion des déblais de ce projet.
Interface Transport et Abington Advisory ont accompagné Tisseo Ingenierie, pour réaliser une étude de faisabilité d’une logistique fluviale pour le transport d’une partie des déblais générés par les chantiers.
Etudier les capacités du réseau fluvial à permettre une logistique fluviale des déblais
La mission a tout d’abord permis de synthétiser l’ensemble des données disponibles sur les caractéristiques des deux canaux, canal du Midi et canal latéral à la Garonne (formant le canal des deux Mers), en termes de :
- longueur,
- largeur,
- enfoncement (bathymétrie),
- équipements (ports techniques et quais),
- horaires d’exploitation,
- fonctionnement des écluses,
- périodes de chômage et
- usages constatés.
Par la suite les unités fluviales les plus adaptées compte tenu de leur capacité d’emport et de leur disponibilité sur les différents bassins français ont été identifiées.
Des hypothèses de convoyage de cales sur les canaux ont par conséquent été étudiées (principes de convoyage et chiffrages). En outre des hypothèses de dragage permettant un accroissement sensible de la capacité d’emport ont également été chiffrées.
Analyser l’environnement des sites de production de déblais
Les chantiers de départ des tunneliers et la production de déblais n’étant pas bord à voie d’eau, un travail préalable d’analyse de l’environnement urbain des sites (réseaux d’infrastructures routières, tissus urbains, qualification du bâti, distance à la voie d’eau) a permis d’identifier différents scénarios d’acheminement des déblais depuis les sites de production.
Ce travail sur plan a été couplé à des repérages de terrain systématiques pour identifier des points d’accroche fluviaux entre les chantiers et la voie d’eau et les itinéraires d’accès à celle-ci.
Enfin un prédimensionnement et un chiffrage de techniques d’acheminement des déblais autre que routière a été mené en partenariat avec des industriels proposant ces solutions (convoyeurs à bande, téléphériques à déblais…).
Evaluer économiquement et environnementalement le recours à la voie d’eau
Afin d’analyser et comparer, pour chaque site accueillant un tunnelier, les hypothèses de transport (incluant les préacheminements et le transport fluvial) un modèle d’exploitation et de coût a été établi.
L’ensemble des éléments inclus dans un tableur ont permis de faire varier les données d’entrée et les hypothèses pour en tirer une analyse comparative de différents scénarios. Les éléments suivants ont été également inclus au modèle pour permettre une analyse complète des coûts et avantages des solutions :
- Les émissions de polluants,
- Emissions de GES,
- Externalités négatives telles que le bruit, la congestion ou l’accidentologie
En conclusion, parmi les sites étudiés, certains disposent de bonnes prédispositions à la mise en œuvre d’une logistique fluviale des déblais.
Il faut néanmoins anticiper en amont des chantiers les besoins pour se donner toutes les chances en termes d’infrastructures de transbordement, de disponibilité du réseau, de solutions de préacheminement, … que la logistique fluviale puisse compter à l’échelle de la région toulousaine dans ce secteur d’activités des déblais et matériaux de construction.