L’état alarmant des centres-villes
La situation des centres-villes français, principalement des villes moyennes, est au cœur des préoccupations nationales. Le rapport du Conseil Général de l’Environnement et du Développement Durable (CGEDD) sur la revitalisation commerciale des centres-villes, sorti en 2016, fait état de ce déclin qui se reflète notamment au travers d’importants taux de vacance. L’image des rideaux baissés résonne dans tous les esprits, signe d’un dynamisme en berne.
Aujourd’hui, ce sont 87 % des villes françaises qui marquent une hausse de leur vacance commerciale en cinq ans.
Pourtant, la vacance commerciale ne forme que la partie émergée de l’iceberg. Le déclin des centres-villes est le résultat de facteurs croisés touchant toutes les fonctions urbaines (habitat ancien dégradé, important taux de vacance des logements, emplois délocalisés en périphérie, faible qualité des espaces publics, problèmes d’accessibilité, standardisation de l’offre commerciale, augmentation des m² en zone périphérique, etc.).
A ces constats, s’ajoute l’évolution des modes de consommation et des modes de vie qui aujourd’hui renforce l’écart entre ce que propose les centres-villes et les aspirations des ménages/consommateurs. Pourtant, ces sujets forment de véritables leviers de développement pour les centres-villes innovants, pour les territoires qui investiront pleinement la question dans leur développement urbain : A qui et à quoi doit correspondre le centre-ville de demain ?
Accessibilité transports et modes de déplacement : Un enjeu majeur dans la reconquête des centres urbains
Le transport de voyageurs et notamment de consommateurs a façonné de nouveaux territoires. La périphérisation des activités a été possible grâce à une accessibilité automobile exceptionnelle, se traduisant par une offre en stationnement abondante et des accès autoroutiers efficaces.
Pour autant, aujourd’hui, de nombreuses zones commerciales et d’activités sont rattrapées par des enjeux de mobilité et d’urbanité pratiquement aussi forts que ceux des centres-villes (saturation des accès, manques de desserte en transport en commun, taux de vacance élevés, etc.).
Si le stationnement et l’accessibilité des visiteurs prend souvent une tournure émotionnelle et forme un sujet de débats, voire de friction sur les politiques de développement des centres-villes, le sujet du transport de marchandises se fait souvent plus discret mais forme néanmoins un allié de taille dans la reconquête des centres urbains.
Le transport de marchandises, un allié méconnu dans la reconquête des centres urbains
Si le transport de marchandises est souvent décrié comme une cause de nuisances diverses, telles que les émissions polluantes, la congestion et le bruit en ville, il est néanmoins intimement lié au dynamisme commercial des centres urbains. La loi SRU a d’ailleurs renforcé les dispositions de la LOTI en ce sens :
Dorénavant, les plans de déplacements urbains doivent rationaliser les conditions d’approvisionnement des marchandises afin de maintenir les activités commerciales et artisanales.
Que doit-on comprendre ? Les marchandises ont besoin de circuler dans de meilleures conditions, tout comme les voyageurs. Assurer une bonne desserte des commerces situés en ville leur apporte une aide significative face au dynamisme des grandes surfaces positionnées en banlieue. Le défi est de taille quand on mesure le rôle de la fonction commerciale dans le rayonnement d’une agglomération.
Sans aller jusqu’à prédire que la logistique urbaine peut à elle seule inverser le processus de désertification des centres-villes en ramenant de la qualité urbaine, son optimisation impacte nécessairement la qualité de vie en centre-ville, et par conséquent la fréquentation des commerces. L’impact souvent positif de l’aménagement de zones piétonnes en cœur de ville le démontre.
Aujourd’hui, un enjeu est de ramener les consommateurs dans les centres-urbains, pour éviter leur désertion et la mort des petits commerces. Cela passe par des actions diverses et complémentaires, touchant au cadre urbain, aux animations commerciales, à la modernisation des points de ventes, …
En parallèle, des expérimentations en logistique urbaine fleurissent au sein des moyennes et grandes agglomérations et, de façon consciente ou non, participent à la redynamisation des centres-villes et par conséquent au développement durable des territoires. Améliorer les conditions de livraison, c’est aussi ramener des habitants dans nos villes dépeuplées, habitants qui seront également amenés à consommer dans les commerces de proximité !
De quels outils logistiques parle-t-on ? Quelles sont les expérimentations à tester sur son centre-ville ? Nous vous présenterons prochainement quels outils logistiques peuvent servir l’attractivité des commerces.
Article co-écrit avec le bureau d’études Adenda, spécialisé en urbanisme commercial.